L’agriculture biologique, marginalisée d’ici 2040 ?
Touché par une forte crise depuis 2022, le marché du bio est en repli et la progression du nombre d’exploitations agricoles et de surfaces en AB ralentit, s’éloignant des objectifs de croissance fixés par les politiques publiques. Sans un soutien affirmé aux filières, l’agriculture biologique pourrait ainsi être de plus en plus marginalisée, révèle une étude du Ceresco et du Credoc.
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Alors que la crise de la filière biologique se poursuit, le Ceresco et le Credoc ont réalisé, pour le compte du ministère de l’agriculture, une étude prospective sur les possibilités d’évolution de l’agriculture biologique à 2040. A travers quatre scénarios, l’analyse souligne l’importance du soutien à la production, mais aussi à la consommation, pour éviter une marginalisation de la filière.
Priorité à la croissance ou succès d’une 3ème voie écartent l’AB
Les deux premiers scénarios envisagent le déclin de l’agriculture biologique. Le premier, en raison d’une priorité donnée à la croissance économique et une moindre attention accordée aux enjeux environnementaux et au label biologique, qui subit la concurrence de cahiers des charges locaux et des productions sans intrants de synthèse qui se développent dans un contexte de disponibilité moindre des intrants.
Dans le deuxième scénario, la prise de conscience des enjeux environnementaux renforce au contraire l’action publique en ce sens, mais pour massifier les modes de production plus durables, une « troisième voie » moins exigeante que le cahier des charges de l’AB se développe et gagne le marché, accompagnée par une communication et un marketing efficaces, au détriment de l’agriculture biologique.
Développement du bio : standard allégé vs AB érigée en norme
Les deux autres scénarios conduisent à un développement de l’agriculture biologique, mais dans des conditions et avec une ampleur qui diffèrent. Dans le scénario 3, la conscience généralisée des enjeux environnementaux poussent à faire reconnaitre, au niveau europén, l’AB comme référence pour la production agricole. Cependant, les pouvoirs publics souhaitent limiter l’inflation alimentaire et incitent les acteurs économiques à rationaliser les processus, expliquent le Ceresco et le Credoc, et le cahier des charges européen est assoupli, ce qui permet aux conversions de se multiplier. Dans cette perspective, le bio connait un nouvel essor à partir de 2032, soutenu par des consommateurs bien informés des enjeux environnementaux et de santé.
Enfin, le quatrième scénario voit l’agriculture biologique devenir progressivement la norme à atteindre, et les producteurs sont encouragés par des incitations financières. Les politiques foncières, et le soutien à la recherche, à la formation et au conseil techniques sont majoritairement orientés vers l’AB. En parallèle, une sécurité sociale de l’alimentation est mise en place, ainsi qu’une taxe sur les produits ayant le plus d’impacts négatifs en matière de santé et d’environnement. L’agriculture conventionnelle reste néanmoins majoritaire jusqu’en 2040.
Des leviers à court et moyen terme
Volontairement contrastées, ces trajectoires mettent en lumière les voies d’avenir possibles pour l’AB. Le Ceresco et le Credoc soulignent, à court terme, l’importance de soutenir les infrastructures des filières bios, mais également l’image du label. L’étude identifie aussi des leviers à plus long terme : incitations économiques, prise en compte des externalités environnementales positives et négatives des pratiques agricoles, renforcement de l’éducation environnementale et de la parole scientifique
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